Rue Saint-Agricol

 

Comme la rue Joseph Vernet, la rue Saint-Agricol est probablement une des rues les plus chics d’Avignon. Elles sont toutes les deux bordées de boutiques de mode et de luxe. Cette rue présente un intérêt particulier : c’est par exemple, dans la rue Saint-Agricol que je m’approvisionne en «tropéziennes» et en «papalines» pour régaler les amis et les invités. Cette rue est devenue aussi un paradis pour les amateurs de glaces. Quelques mots à propos de saint Agricol: fils de l’évêque Magne, évêque d’Avignon au VIIe siècle, la légende rapporte que ce saint aurait dit: Il vaut mieux absoudre quatre-vingt dix-neuf coupables que de condamner un innocent. L’iconographie le représente accompagné d’une cigogne pour rappeler qu’il fit appel à un escadron d’échassiers pour débarrasser la ville d’une invasion de serpents et de crapauds. Déclaré patron de la ville en 1647. Il est fêté le 2 septembre.

 Au numéro 19 fut créée la librairie Roumanille (aujourd’hui disparue) fondée par un des célèbres félibres au XIXe siècle. En face, l’église Saint-Agricol dont la façade a été restaurée en 2004, nous livre un somptueux décor (magnificence de la salutation à la Vierge). Dans cette église est souvent donnée l’ultime cérémonie religieuse dédiée aux personnalités d’Avignon. C’est dans cette église qu’est situé le tombeau de Pompée Catalina. Particulièrement somptueux, le parvis de l’église dispose d’un grand escalier qui fit problème au moment de sa construction. En effet, au XVe siècle, les habitants du quartier s’opposèrent farouchement, mais en vain, à son agrandissement. La présence d’un cimetière proche allait faire cohabiter les morts et les vivants ! et surtout, l’animation apportée par le parvis allait gêner les joueurs de jeu de l’oie. Ce jeu consistait à grimper au sommet d’un mât très lisse pour récupérer deux oies caquetantes. Au grand dam des sportifs du moment, le jeu fut définitivement interdit en 1737, le jour où un concurrent malheureux se tua en tombant du mât.

 

Au numéro 23, il faut traverser la galerie de l’hôtel du Louvre pour atteindre la chapelle des Templiers. Cette chapelle (aujourd’hui bien immobilier privé) a été construite vers 1273 sous le vocable de Notre-Dame de Nazareth. Elle n’est malheureusement ouverte qu’à l’occasion de manifestations importantes. Unique en Provence, de pur style gothique français, elle est une des merveilles de l’architecture médiévale avignonnaise. Cette chapelle, témoigne encore de l’extraordinaire expansion que connut l’ordre du Temple après le concile de Troyes en 1129. Rappelons que l’ordre créa des centaines de commanderies en Occident et prit une place essentielle dans la défense des États latins d’Orient. Bénéficiant de l’appui constant de la papauté, il devint une puissance économique et financière telle que cela suscita la jalousie du roi de France Philippe le Bel. De la gloire à la tragédie, tel fut alors le destin des Frères du Temple. Accusés de toutes les turpitudes, ils périront sur le bûcher à l’issue de procès iniques en octobre 1307.

 

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