Rocher des Doms

 

C’est sur le rocher des Doms que s’ancrent les origines de la cité et de son histoire. Une stèle anthropomorphe du chalcolithique (âge du cuivre) trouvée lors de fouilles sur le Rocher et différentes sépultures découvertes au pied du mont, font d’Avignon l’une des plus vieilles cités d’Europe, occupée de façon permanente depuis près de 5000 ans. Le 10 août 1793 (an II) de la République une et indivisible, on fête la réunion d’Avignon à la France sur le rocher. En 1863, on décide d’aménager un jardin en y apportant de la terre et de l’eau. Les plantations d’arbres que nous connaissons aujourd’hui sont alors réalisées.

Le magnifique point de vue qui nous est offert au sommet du Rocher des Doms nous invite à faire un rappel historique. Le traité de Verdun, en 843, fait du Rhône une frontière. La rive droite et la rive gauche auront donc deux destins parallèles pendant plusieurs siècles. «Pique au reiaume, pique à l’empi», disaient les mariniers du Rhône depuis le XIVe siècle pour désigner la rive droite (le Royaume) et la rive gauche (l’Empire) du fleuve. En termes géographiques, le côté «Empire» est une région inondable mais qui permet une circulation nord – sud sans perdre de vue les eaux, avec sa garrigue et ses plateaux calcaires. Le côté «France» n’offre pas les mêmes facilités de déplacement.

Entre le rocher des Doms à Avignon et son jumeau le mont Andaon à Villeneuve, le rétrécissement du lit du fleuve est le seul endroit qui permette la construction d’un pont en évitant les marais du nord et ceux du delta. Le pont d’Avignon sera reconstruit à plusieurs reprises, avant de devenir un point de passage obligé qui va faciliter aussi bien les interventions militaires, le développement des activités économiques, les échanges commerciaux entre les deux rives et l’accessibilité des ports de la Méditerranée. En finançant la construction d’une tour de contrôle au débouché du pont Saint-Bénezet et en construisant le fort Saint-André, Philippe le Bel a bien montré qu’il avait saisi toute l’importance stratégique de cet ouvrage.

Le bronze de Johannes Althonian (Jean Althen) rappelle qu’il fut celui qui lança la culture de la garance (trois usines en 1801, 50 en 1836, et 65% du marché français en quelques années).

 

Un dernier mot au sujet de la statue qui trône au milieu du bassin du jardin des Doms. Installée à l’origine place Carnot, cette statue représentant le Départ des hirondelles attira les protestations du curé de l’église Saint-Pierre. Celui-ci déclara que «cette statue impudique aurait dû être placée au centre de ces lieux qu’une malheureuse tolérance réserve à l’impudicité». Certaines personnes tentèrent même de la déboulonner. Devant les protestations des Avignonnais, la statue fut alors déménagée, remplacée par un candélabre avec horloge (toujours en place) et transportée au sommet du Jardin des Doms après avoir été cachée pendant la dernière guerre. En cet endroit, au milieu du bassin aux canards, rebaptisée la Vénus aux Hirondelles, elle répond maintenant aux prêches de saint François d’Assise.