Collège du Roure et les Félibres

 

La fondation du Collège eut lieu en 1476 par le cardinal della Rovere, légat d'Avignon. Ce Collège était destiné à recevoir trente-six étudiants pauvres pour apprendre le Droit Canon, le Droit Civil et la Médecine. Or, comme le montrèrent les perquisitions effectuées, les "escholiers" transformèrent rapidement l'établissement en lupanar, recevant leurs maîtresses, jouant aux dés, aux cartes, aux boules, à la paume et cachant même des armes dans leurs chambres. Par la suite, pour corriger ces débordements, les étudiants durent porter la soutane, mais il fallut attendre la réforme de 1644 pour corriger ces moeurs singulières. Sur la façade baroque du palais, un décor en feuilles de vigne entoure l'écu des Baroncelli sommé d'une couronne. Remanié selon les goûts de l’époque classique, la demeure gothique prit aux XVIIe et XVIIIe siècles l’aspect d’un hôtel particulier. Après avoir subi des préjudices considérables, il fut sauvé in extremis en 1918 par Jeanne de Flandreysy, admiratrice et amie de Mistral. Elle se consacra corps et âme à l’œuvre de sa vie: rendre son prestige au palais du Roure. Parmi les trésors de ce magnifique musée, on notera une collection importante de meubles provençaux des XVIIIe et XIXe siècles, une galerie consacrée au peintre symboliste belge Henry de Groux et un étage consacré à l’ethnographie provençale. On pourra y trouver les premières éditions de Mirèio et de l’Aïoli, journal provençal créé en cet endroit même. Une belle collection de cloches (environ 200 pièces) réunie par Jeanne de Flandreysy y est conservée. La façade du palais du Roure a été restaurée en 2014.

 

À quelques pas, en direction de la rue de la République, se trouve le buste de Frédéric Mistral récemment nettoyé et restauré. Grand poète de langue provençale, prix Nobel de littérature en 1905, Mistral fonde avec sept autres enthousiastes et «enfants du peuple» (Roumanille, Aubanel, Giera, Brunet, Tavan de Gadagne et Mathieu de Châteauneuf-du-Pape) le Félibrige. Le deuxième chant du poème Mirèio (Mireille) commence par ces mots célèbres : «Chantez, chantez, magnanarelles, car la cueillette aime les chants…».

 

Mireille sera mis en musique par Gounod dans un opéra célèbre qui reprendra textuellement ces vers. Le compositeur ira sur les lieux même du drame pour trouver l’inspiration. C’est pourquoi, en écoutant cet opéra, certains diront qu’il est possible d’entendre le bruissement des cigales.

 

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