Conclusion de la promenade

 

La visite qui nous a occupés plus de deux heures était bien évidemment trop brève. Il a fallu passer au pas de charge et sans lever les yeux devant un certain nombre de monuments et de palais. Rappelons que l’intra muros d’Avignon dispose de plus d’une centaine de constructions ou d’immeubles classés au Patrimoine. Suivant l’époque, ces trésors ont été occupés par des cardinaux, des princes, des viguiers, des légats et vice-légats, des républicains au service de la nation, des industriels et des commerçants, des officiers ainsi que par différents ordres ecclésiastiques ou militaires. Aujourd’hui, ils sont généralement occupés par les personnels des administrations. Toutes ces constructions méritent un examen attentif accompagné de commentaires et de rappels historiques.

Avec un peu plus de temps, vous pourrez bien évidemment vous promener dans la partie piétonne du centre ville, découvrir des placettes romantiques, vous attarder place de la Principale, devant la Chapelle des Pénitents Blancs et admirer l’hôpital Sainte-Marthe, maintenant siège de l’Université d’Avignon. Cet ancien hôpital du XIVe siècle développe sa somptueuse façade à deux niveaux sur 175 mètres de long. L’Aumône générale, rue des Lices, mérite un détour: elle constitue une magnifique construction qui permettait au XVIe siècle d’assister les pauvres avec l’arrière pensée de maîtriser la délinquance que provoque la misère.

 

C’est bien le hasard des bouleversements tectoniques (tectonique des plaques) et des fluctuations marines conjugués, et lui seul, qui a pu façonner la topographie de la région et créer les paysages vallonnés et les massifs rocheux évoqués au sommet du jardin des Doms. Ce sont bien les crues à répétition du Rhône et de ses affluents qui ont été le support des légendes et des mythes fondateurs d’Avignon. Ce sont bien ces fleuves qui ont façonné cette grande voie de communication rhodanienne particulièrement empruntée aujourd’hui. Les galets arrachés au Ventoux et aux Dentelles de Montmirail déposés sur les terrasses alluviales restituent la chaleur de l’été, mises à profit par les viticulteurs pour produire les richesses œnologiques de la région.

 

La Provence a été à la croisée des civilisations française et italienne, c’est pourquoi elle fut même, bien avant le Moyen Âge, l’objet d’enjeux de pouvoir et le théâtre de guerres de religion et d’annexions. Aux périodes de troubles politiques se sont ajoutés les périodes de famine, la peste noire, les moments de terreur, les ravages effectués par les pillages, l’occupation et même des bombardements. Ceci n’empêchera pas Avignon de redevenir, à plusieurs reprises, un centre important d’activités innovantes. Aussi disons que loin s’en faut pour que le destin d’Avignon fût tout tracé. La ville d’Avignon est trop redevable à l’égard des femmes et des hommes qui l’ont construite, préservée contre les ravages du temps et qui en ont fait cette ville classée aujourd’hui au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Avignon a pu bénéficier de plusieurs périodes de développement économique et de calme politique, pendant lesquelles les arts et la pensée scientifique ont pu s’épanouir. C’est durant ces périodes que des palais et des églises aux architectures gothique, baroque, classique, art nouveau et haussmannienne ont été construits. Ils font toujours l’objet de notre admiration. Si des peintres et des sculpteurs ont illustré l’Histoire sainte et la crainte de l’au-delà, des scientifiques et des politiques ont voulu faire partager une vision humaniste de la vie en société. Pourquoi ne pas évoquer à ce propos, les personnalités qui ont, à leur manière, donné une âme à Avignon. Citons les poètes Pétrarque, Mistral, Aubanel et Char; les écrivains Daudet et Pagnol; le sculpteur Charpentier et aussi les peintres Vernet, Signac et Van Gogh, ces enfants du pays ou simplement des personnes éprises de la terre ensoleillée de Provence qui ont su y puiser une inspiration féconde pour chanter la nature, la vie quotidienne ou l’amour. En s’exprimant en latin, en italien, en français, en provençal avec la plume ou le pinceau, ils ont su trouver les accents les plus mélodieux pour traduire si bien leurs sentiments et nous les faire partager.

 

Les histoires religieuse, économique, industrielle, politique et culturelle restent bien les facteurs essentiels des métamorphoses du tissu urbain d’Avignon et également de son devenir. La ville, depuis plus de soixante ans, s’est tout particulièrement consacrée aux arts et aux spectacles du vivant, ce qui lui permet de bénéficier d’un rayonnement culturel mondial incontesté. Ceci génère une activité touristique et innovante très importante qui fait de cette ville un lieu de séjour exceptionnel et un enjeu politique important. Avignon est non seulement devenu un immense théâtre de plein air mais aussi le royaume du théâtre où chacun peut choisir son spectacle vivant et devenir l’acteur de sa partition.

 

D’après un texte-promenade d’Alain Maldonado,

novembre 2015.

 

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