Remparts de l'Oulle

 

Les premiers remparts d’Avignon ont été construits dès le XIe siècle ; il en reste un tout petit témoin à l’angle de la rue Vernet et de la rue Saint-Charles. Ces remparts furent démolis une première fois par le roi de France Louis VIII lors de sa campagne contre les Albigeois (Avignon est déjà une place religieuse!). On rapporte que pendant ce terrible siège qui dura plusieurs mois, les Avignonnais affamés durent manger jusqu’aux queues des rats! Rappelons que les Albigeois (appelés par la suite les Cathares) eurent le triste «privilège» de voir détourner à leur encontre le concept même de croisade dont l’objectif était initialement de délivrer le tombeau du Christ en Palestine: Rome et les princes du moment ne pouvaient pas accepter que les personnes, mécontentes des carences ecclésiastiques, puissent s’organiser en église autonome fondée sur une règle de justice et de vérité apte à réaliser l’idéal de l’église primitive.

 

Après ce siège, il fallut se protéger des pillages effectués par les routiers qui plongeaient la région dans l’insécurité. Leur présence décida les autorités à construire, entre 1355 et 1357, une nouvelle muraille qui permit d’enclore de nouveaux quartiers. Pour financer les travaux qui seront poursuivis, les papes Innocent VI et Urbain V eurent l’idée de mettre en place une gabelle des vins dès 1358 et une gabelle du sel et des marchandises en 1363. Le chantier devait perdurer sous les papes Clément VII et Benoît XIII. Il finit par devenir un bel exemple d’ouvrage public autofinancé en quelque sorte par ses usagers. Après les destructions importantes provoquées par les Catalans en 1411, il fut décidé de ne plus restaurer les remparts.

 

Le 31 mai 1856, la grande crue du Rhône fit s’écrouler le rempart sur une trentaine de mètres entre les portes Saint-Dominique et Saint-Roch. Une vague de plus d’un mètre cinquante de haut s’engouffre alors dans la ville en provoquant d’énormes dégâts. Ayant pris connaissance du désastre, l’empereur Napoléon III arrive en train en gare d’Avignon pour offrir au maire 50.000 francs pris sur sa cassette. Cet évènement rappelle que sous le second empire Avignon est un centre économique important. La ville se transforme, veut «respirer»; elle réalise pour cela le percement de plusieurs grandes voies urbaines et la construction d’édifices publics (rue de la République, boulevard Raspail, Hôtel de Ville, etc). Finalement en 1860, Viollet-le-Duc et Mérimée sauvèrent les remparts de la destruction alors même qu’elle avait été décidée par la municipalité.

 

Un mot à propos d'une pratique ludique qui s’exerçait sur les allées de l’Oulle et le long des remparts. Il s’agit du jeu de mail (l’ancêtre du croquet au Moyen Âge ). Très en vogue, ce jeu changea de nom vers 1700 pour devenir le «palamard». On raconte que la passion des joueurs était telle qu’il fallut protéger des boules le couvent des capucins très proche. Depuis, les joueurs des jeux de boules devenus «à la courte ou à la longue» disposent sur l’île Piot de terrains spécifiques bien aménagés, ombragés et surtout sans danger pour les badauds !

 

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